Les essais de Jean Giono ne sont guère connus. Il s’y déploie une vision d’un « monde paysan », rempart contre la démesure industrielle et technicienne, où le travail n’est pas l’envers de la vie ni l’économie l’autre nom de la guerre, et qui ouvre à une humanité possédée par l’argent la possibilité de se réapproprier ses savoir-faire en même temps que la joie de vivre. Ces écrits sont ancrés dans un rejet des nationalismes et des visées impérialistes de tout poil, du productivisme et des logiques spéculatives, du militarisme et des formes modernes de domination et d’exploitation de l’homme.
Sans chercher à masquer les oppositions de cette pensée avec le mouvement des objecteurs de croissance, Édouard Schaelchli met en lumière les affinités profondes entre la « révolution d’hommes » voulue par Giono et la vision du monde incarnée par les luttes du Larzac naguère, de Notre-Dame-des-Landes plus récemment.