« Je suis en règle. Voici le thermomètre, les comprimés d’aspirine, les pastilles pour la toux. Ça, c’est la vitamine C, l’antiseptique, les antibiotiques. J’ai tout, vous ne pouvez pas me coller une amende ». La journée commence mal pour Nico. Il est dans le collimateur de la CGM, la société privée qui fait office de Sécurité sociale et il risque le contrôle sanitaire. Quand on sort des clous de l’État-hygiéniste, il vaut mieux être bien couvert, car dans cette société, la santé, c’est tout… ou rien.
À l’époque où il écrit cette histoire, Lino Aldani entend sans doute dénoncer les dérives d’un système de santé livré aux seuls intérêts du privé (puisque le zèle de la CGM s’explique par son souci de limiter les frais de santé de ses clients). Mais comme souvent avec la science-fiction, le récit prend un nouveau sens quelques années plus tard. Il nous conduit à nous interroger sur la nature des concessions que nous serions prêts à faire pour vivre en bonne santé.
« Et surtout, la santé. J’ignore de quand date cet appendice, mais il témoigne bien de la grande préoccupation de notre époque : ne pas tomber malade, et si l’on tombe quand même : ne pas en mourir. C’est même devenu un droit fondamental, depuis que la Charte de l’environnement, adossée à la Constitution française, proclame dans son premier article le fait que chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et favorable à sa santé. Cette préoccupation, pour légitime qu’elle soit, pose néanmoins problème. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller, jusqu’à quels sacrifices, pour défendre ce droit ? C’est la petite musique qui monte qui monte depuis quelques jours, et dont la mélodie nous suggère que renoncer à notre liberté de mouvement, mais aussi à celle que nous procure l’activité économique, est sans doute un tribut trop lourd à payer pour défendre notre santé et celle des autres. Il ne faudrait pas basculer dans une dictature sanitaire. Une dictature qui pourrait ressembler à ce que décrit 37° centigrades. Dans ce court roman publié en 1963, et réédité depuis au Passager clandestin, l’auteur de science-fiction Lino Aldani imagine ce que serait une société autoritaire obsédée par la prévention des maladies. »
Hervé Gardette, France Culture
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Visionnaire, angoissant, une très bonne critique de la consommation et ses dérives.
Christophe, FNAC Paris Saint-Lazare
Une satire de la consommation et de l’hyper-protection, un texte qui, bien que publié en 1963, présente des résonances très actuelles. Dans la jolie petite collection Dyschroniques.
L’Écran fantastique
Visionnaire, 37° centigrades pose des questions qui résonnent fortement dans l’actualité mondiale, et pointe du doigt non seulement la privatisation des intérêts publics, mais aussi la société de consommation.
Les Pipelettes en parlent
Une dystopie sanitaire et une véritable réflexion sur l’importance d’une prévention détachée des intérêts financiers, 37° centigrades passionne et interpelle le lecteur jusqu’à son épilogue glaçant.
Nicolas Winter, Just a word
Pas besoin de vous faire un dessin pour voir tous les parallèles possibles entre ce texte de 1964 et la crise sanitaire mondiale que nous subissons en 2020, où les politiques prennent l’avis des médecins pour dicter la conduite de la nation.
SF-Mag