Alors que le street art se monnaie dans les galeries d’art, dans les rues, les graffitis sont les cibles d’une lutte acharnée. Tous les ans, ce sont plusieurs milliards d’euros qui sont investis au niveau mondial dans des systèmes de sécurité, de nettoyage et de prévention. Graffeurs eux-mêmes, les auteurs ont ainsi vu leurs inscriptions disparaître de plus en plus rapidement. Leur regard s’est alors décalé : du graffiti, c’est sur son effacement qu’ils se sont penchés.
De l’avènement de l’hygiénisme au XVIIIe siècle à la mise en place d’un véritable marché sécuritaire à partir des années 1980, les auteurs retracent l’histoire de la répression de ce geste d’apparence anodine. Ils cherchent ainsi à comprendre ce qui se joue dans la gouvernance des espaces urbains contemporains et alertent sur ces effacements, signes avant-coureurs de logiques de contrôle bien plus insidieuses, qui ne concernent plus seulement celles et ceux qui écrivent dans la ville.
« Dangereux », « politique » ou tout simplement « moche et sale », le graffiti est l’un des ennemis principaux de ceux qui pensent l’urbanisme comme un outil de contrôle. Il est pourtant un outil d’expression des populations minorisées et un marqueur des problématiques sociales. Une fois consommée la rupture avec le street art de galeries gentrificatrices, l’essence même du tag reste subversive, et persécutée. De l’hygiénisme du XIXe siècle aux prémices de la technopolice en passant par les budgets de nettoyage municipaux, cet ouvrage retrace les enjeux de l’effacement du graffiti au profit d’espaces aseptisés.
Politis
En déployant une analyse politique rare des pratiques d’effacement du graffiti, cet essai apparaît finalement comme l’éloge d’une discipline résolument libertaire et subversive face à l’uniformisation et l’aseptisation croissantes des villes de ce monde. Salutaire.
Paris Tonkar
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Cet ouvrage propose donc une analyse fine de l’influence du graffiti dans les processus de construction de la ville, sur les liens avec les politiques urbaines mais aussi sur les objectifs hygiénistes qui animent ces politiques.
Urbanités
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